La décentralisation stylistique : Etat des lieux du luxe en province

Catégorie : Dossier spécial, Economie le 15 juillet 2007

La France, et plus particulièrement Paris, est un lieu incontournable de la mode, véritable capitale internationale du luxe. Néanmoins, nous sommes en mesure de nous interroger sur la véracité de ce fait en dehors de la Ville Lumière. La France est-elle l’endroit rêvée pour les créateurs? Les provinciaux ont-ils le même accès au luxe et le même intérêt pour cet univers? Pour répondre à ces questions, Néferliliefashiontrends a choisi de mener l’enquête dans une vile test : Clermont-Ferrand.


Clermont-Ferrand est en effet une ville intéressante puisqu’elle compte une forte population étudiante et abrite le siège de plusieurs multinationales tout en étant d’une taille humaine comme le dit l’expression consacrée. L’enquête a été réalisée auprès de plusieurs personnalités de la cité : créateurs, propriétaire de boutique branchée, gérante d’une enseigne de bijouterie internationale etc.

L’enquête débute par la rencontre de la couturière Katy Parigot travaillant pour Laurent Rolli Créations, un jeune créateur clermontois. Cependant, à l’écriture de ces lignes, la société était en train de déménager vers le Sud de la France où elle avait dorénavant toute sa clientèle, seule la réalisation de costumes était encore réalisée à Clermont-Ferrand. Un départ de Clermont que nous allons tenté de comprendre ensemble.

Néferliliefashiontrends : Pouvez-vous nous présenter votre activité?

Katy Parigot : Notre activité consiste principalement en la création de vêtements sur mesure par Laurent Rolli, des vêtements pouvant aller de la robe de mariée à la tenue de jour en passant par la robe de cocktail ou la réalisation événementielle.

N : Comment se compose votre clientèle?

KP : Notre clientèle? Principalement des femmes, de tous âges qui ont envie de porter une robe unique qui leur correspond vraiment! Nous avons eu aussi beaucoup de demandes de clientes voulant que l’on réalise pour elles des copies de robes de couturiers. Ce que nous avons évidemment refusé! Notre travail est avant tout basé sur la création et l’échange, si les clientes ne recherchaient pas cela nous refusions toute collaboration. Nous avons eu des difficultés à faire comprendre la différence entre créateur et couturière : derrière la création, il y a une démarche intellectuelle et artistique tandis que la couture n’en est que l’application.

N : Pouvez-vous nous expliquer comment va évoluer votre société dans les mois à venir?

KP : Laurent Rolli, le créateur s’est déplacé à Cannes où il travaille actuellement pour Chanel avant de transférer définitivement sa société sur Nice. En tant qu’associé, je suis restée sur Clermont pour assurer la transition et m’occuper de l’activité théâtrale avec la réalisation de costumes historiques pour le WAKAN théâtre.

N : Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés dans l’exercice de votre activité ?

KP : Nous nous sommes heurtés au fait que les femmes vont plus facilement à Paris ou à Lyon ne sachant peut-être pas qu’il existait à Clermont un créateur capable de leur offrir ce qu’elles cherchaient… De plus, nous ne recevons aucune subvention des administrations locales pour encourager notre activité. Enfin, je dirais que nous manquons cruellement de supports permettant aux créateurs de se développer et de s’exprimer.

N : Que retiendrez-vous de votre aventure clermontoise?

KP: Personnellement, ceci m’a appris la rigueur, l’écoute et le sens du travail bien fait. J’aime préciser du travail fait entièrement à la main! J’aime ce mélange entre l’artisanat et le travail d’art que représente la création de mode.

N : L’éloignement de Paris est-il ou non un problème?

KP : Pas vraiment. Il est vrai que Paris permet de vendre plus facilement et d’obtenir une certaine reconnaissance car la clientèle est plus sensibilisée au monde du luxe. D’un autre côté, la création et l’acte de création surtout ne s’attache pas à un lieu en particulier, il peut se faire de la même manière partout! Le seul problème dont nous ayons souffert par rapport à Paris est peut-être la difficulté de déplacement, un TGV Paris-Clermont pourrait éventuellement arranger les choses.

N : La mode pour vous, c’est quoi?

KP : La mode pour moi c’est l’élégance et la féminité.

N : Où pourra t’on encore admirer votre travail à Clermont?

KP : Dans les pièces du WAKAN théâtre! Il est également question d’une exposition de costumes réalisés. Pour conclure, je trouve dommage qu’il soit si difficile d’implanter des choses nouvelles à Clermont et que beaucoup de gens vont chercher ailleurs ce qu’ils pourraient trouver sur place.

Suite de l’enquête la semaine prochaine…

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